Der Winter brachte mir dieses Überbewusstsein meines Seins

Les hivers qui suivirent furent, en un sens, ceux que j’avais toujours attendus. L’expérience inédite d’une solitude radicale, le défi que je me fixais désormais chaque année, avec un frisson de plaisir, quand tombaient les premiers flocons devant intensifier ma réclusion. La route étouffée sous une neige durcie nuit après nuit par d’intenses froids constituait la muraille impénétrable de mon château. J’aurais pu demander à la municipalité de monter jusqu’à ma colline pour y saler la route, la rendant ainsi accessible, me permettant de me rendre au village pour y faire mes courses. Mais je ne le fis pas. Je me réjouissais, secrètement, de transformer la Maison en palais de glace, me donnant l’impression d’être absolument seule au monde, dans cette campagne blanche et vide où craillait, de temps à autre, un corbeau solitaire. Le silence profond des bois enneigés, les plaines uniformes qui se déroulaient au pied de la colline, annihilaient complètement l’existence des autres. J’étais véritablement, durant ces hivers terribles, la seule maîtresse du monde qui m’entourait. L’hiver agissait comme un charme, et nous laissait seules, la Maison et moi.

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